Glass Emotions
Art et Collections, Crans-Montana / décembre 2015 - octobre 2016
Glass Emotions propose une trentaine de sculptures contemporaines en verre, issues de la collection personnelle de Bernard et Caroline de Watteville.
L’exposition célèbre le Studio Glass, mouvement né aux Etats-Unis dans les années 1960. Celui-ci se caractérise par la croissance rapide du nombre d’artistes qui ne s’affilient plus à de grandes verreries, mais travaillent dans leurs propres studios à la recherche d’une nouvelle expression artistique. La plupart de ces artistes se sont formés et perfectionnés dans de grands centres (Corning, Toledo, Murano ou encore Pilchuck, créé par Dale Chihuly).
Les principaux créateurs de ce mouvement ont été Harvey Littelton aux Etats-Unis, suivi par Erwin Eisch, Stanislas Libensky et Jaroslava Brychtova en Europe. Grâce à eux, le verre soufflé prit toute sa place dans l’art contemporain au même titre que la peinture, la sculpture, la photo et la vidéo.
Le mapping, effet très spécialUn objet de verre qui se métamorphose, semble respirer et se mouvoir avant de reprendre sa forme initiale? C’est la magie du mapping, utilisée pour présenter certains chefs-d’œuvre de l’exposition de manière dynamique et émotionnelle.
Cette technique d’éclairage permet de donner vie à des volumes en jouant avec leur relief. La projection crée une illusion d’optique entre le relief réel et sa seconde peau virtuelle.
Aperçu de l'exposition
Les artistes
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Giorgio Vigna Giorgio Vigna (*1955)
Natif de Vérone, Giorgio Vigna se forme dans sa ville natale ainsi qu’à Venise, Rome et Milan, où son studio est basé depuis de nombreuses années. Il puise une part importante de son inspiration dans la nature. Le verre représente le matériau récurrent de ses créations, sculptures, bijoux et installations. «Le verre est comme de l’eau qui a été capturée, son flot irrésistible suspendu pour un moment dans le temps», dit-il pour expliquer sa fascination.
Des œuvres de Giorgio Vigna figurent dans des collections aussi prestigieuses que celles du Musée de l’Hermitage, à Saint-Pétersbourg, du Designmuseo d’Helsinki ou du Museum of Arts & Design de New York.
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Dale Chihuly Dale Chihuly (*1941)
C’est à Venise que Dale Chihuly étudie les techniques du verre, au mitan des années 1960. De retour aux Etats-Unis, il cofonde la Pilchuck Glass School où des installations de fonderie permettent d’initier des étudiants à l’art du verre. En fin connaisseur des techniques du verre et de sa coloration, il en exploite le potentiel plastique depuis près de cinquante ans pour créer un rythme et des effets visuels sans pareils. Ses œuvres, souvent monumentales, se déclinent régulièrement en séries (Mille Fiori, Barques, Chandeliers, etc.).
Victime d’accidents dans lesquels il perd un œil puis l’usage d’un bras, Dale Chihuly dirige désormais un atelier où il confie à des artisans le soin de réaliser ses œuvres.
La passion de Bernard de Watteville pour l’art verrier est née de sa rencontre avec les immenses fleurs en verre de Dale Chihuly. Première pièce acquise, «Celtic Emerald Persia Pair» marque le début de sa collection.
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Greg Fidler Greg Fidler (*1970)
Ses œuvres, dit-il, doivent beaucoup aux formes de la nature et au respect qu’il éprouve pour le verre. Greg Fidler entend honorer ce matériau par son travail qui se réfère à la longue tradition du verre tout en s’inscrivant résolument dans l’époque actuelle.
L’artiste est originaire de Caroline du Nord. Il a travaillé avec de nombreux artistes du verre, du Maine à Seattle, tout en poursuivant sa formation dans diverses institutions. Il est notamment diplômé de l’Université de l’Illinois, section sculpture. Depuis une douzaine d’années, Greg Fidler dispose de son propre atelier à Bakersville, en Caroline du Nord.
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Michael Glancy Michael Glancy (*1950)
Né à Detroit, dans le Michigan, Michael Glancy a 20 ans lorsqu’il commence à travailler le verre. Une passion tenace qui le conduit à fréquenter la Rhode Island School of Design, où il a pour professeur un certain Dale Chihuly.
Michael Glancy fait partie de ces artistes dont les œuvres traduisent une recherche constante de la perfection. Son travail magnifie la nature pour en révéler les structures sous-jacentes dans d’extraordinaires objets sculpturaux. Les œuvres de verre et de métal de ce délicat alchimiste sont présentes dans les collections d’institutions telles que le Metropolitan Museum (New York), le Museum of Contemporary Art (Hokkaido) ou le Victoria and Albert Museum (Londres).
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Marisa et Alain Bégou Marisa et Alain Bégou (1948* et 1945*)
Alain et Marisa Bégou vivent ensemble depuis plus de trente-cinq ans, dansant inlassablement le ballet du verre soufflé. De leur complicité quasi fusionnelle est née une méthode de création adaptée à leurs personnalités à la fois contradictoires et complémentaires.
Depuis 1994, le couple se spécialise dans l’utilisation des poudres de verre que Marisa dompte pour inventer de somptueuses compositions. Elle est la «décoratrice», il est le créateur de la forme. Les pièces en verre soufflé qu’ils créent dans leur atelier de l’Hérault marient avec subtilité maîtrise de la matière et sensibilité créatrice.
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Monica Guggisberg et Philip Baldwin Monica Guggisberg et Philip Baldwin (1955* et 1947*)
Elle naît à Berne, il naît à New York. Ils se rencontrent en Suède, dans une école de verre. Depuis 1980, Monica Guggisberg et Philip Baldwin travaillent en équipe, soufflant le verre vingt ans durant dans leur atelier en Suisse, puis dès 2001 dans leur espace parisien.
Le vaisseau constitue sans doute la figure qui symbolise le mieux leur travail, étant à la fois site d’où ils regardent le monde et lieu de leurs expérimentations artistiques. Le duo a fait sienne la déclaration d’un peintre célèbre: «Je n’ai pas de couleur favorite, j’en suis venu à les aimer toutes.» Et reste attaché à la simplicité de la ligne, à la netteté de la forme.
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Yoichi Ohira Yoichi Ohira (1946*)
Né au Japon, Yoichi Ohira vit et travaille à Venise depuis le début des années 1970.
Il se familiarise avec l’univers du verre de Murano en travaillant avec différentes verreries de l’île, avant de devenir un artiste indépendant.On dit de ses œuvres qu’elles possèdent deux âmes, l’une asiatique, l’autre vénitienne. Yoichi Ohira, qui voue aux deux cultures un amour profond, dit avoir découvert au fil des années d’extraordinaires affinités entre elles. Il n’aime rien tant que fusionner ces deux sensibilités, ces deux traditions, vénitienne et japonaise, au travers de sa créativité.
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Lino Tagliapietra Lino Tagliapietra (1930*)
Lino Tagliapietra est l’un des rares exemples de maîtres verriers devenus artistes. Ce natif de Murano commence très jeune à travailler chez des artisans de la fameuse île de tradition verrière. A 20 ans, déjà considéré comme un maître, il entame une brillante carrière, qui le voit notamment enseigner son savoir-faire aux Etats-Unis (Pitchuck Glass School, Seattle).
Puisant son inspiration aussi bien dans la technique vénitienne que dans la peinture abstraite américaine, Lino Tagliapietra imagine et réalise une œuvre inimitable, qui se distingue par sa fluidité d’inspiration et de création.
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Paul Joseph Stankard Paul Joseph Stankard (1943*)
Son défi? Renouveler la tradition du presse-papier. Depuis le début des années 1970, Paul Jospeh Stankard invente mille manières d’exprimer la beauté visible et invisible de la nature. Il y parvient si bien qu’il est considéré comme le père du presse-papier moderne en verre.
Né dans une famille irlandaise installée aux Etats-Unis, Paul Jospeh Stankard travaille comme verrier scientifique à la fabrication d’instruments complexes. Une voie qu’il abandonne après une dizaine d’années, pour changer le statut du presse-papier de verre: son souffle poétique le propulse au rang des beaux-arts.
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Bernard Dejonghe Bernard Dejonghe (1942*)
Natif de Chantilly, Bernard Dejonghe se forme en arts plastiques et en céramique à l’Ecole des Métiers d’art de Paris. Les œuvres de cet artiste dont l’atelier est installé dans l’arrière-pays niçois, figurent notamment dans les collections du Victoria and Albert Museum de Londres ou du Musée de verre de Corning, à New York.
Sculpteur de matériaux issus de la fusion, l’homme ressemble à son œuvre: direct, simple, franc. Il échappe aux étiquettes. Lorsqu’on lui demande s’il est verrier, lui qui se sent également concerné par la céramique, il lance non sans malice: «Demande-t-on à Miles Davis s’il est trompettiste ou musicien?».
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Beth Lipman Beth Lipman (1971*)
Les peintes ont longtemps utilisé la nature morte comme métaphore de la consommation, de la matérialité ou encore de la brièveté de la vie. Beth Lipman recourt elle aussi à ce langage, en particulier la table dressée, avec son lot de vaisselle et produits alimentaires, associés au sein de sculptures complexes en verre blanc.
Les installations de l’artiste américaine constituent de véritables portraits de notre société. De par leur vision critique, elles font souffler un vent vivifiant sur la tradition de la nature morte.
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Cristiano Bianchin Cristiano Bianchin (1963*)
Cristiano Bianchin est l’un des créateurs les plus poétiques et les plus passionnants à travailler aujourd’hui à Venise, sa ville natale. Après y avoir appris la peinture à l’Académie, il fréquente assidument les ateliers de Murano et se tourne vers le verre au début des années 1990.
Le Vénitien est moins un artiste verrier traditionnel qu’un sculpteur, qui souvent marie le verre au chanvre naturel, au métal ou au bois. Son œuvre, très cohérente, privilégiant le verre monochrome, dégage une impression de calme, de quiétude.